( Julien Cabana)
Au rythme où vont les choses dans le fonctionnement du service de protection de la faune, si rien n’est fait rapidement, ce dernier pourrait bien disparaître.
«Nous sommes vraiment au bord du précipice. Si rien n’est fait dans les plus brefs délais, le service de la protection de la faune que nous connaissons actuellement va disparaître, d’expliquer le président du syndicat des agents de protection de la faune, Paul Legault. C’est le troisième ministre que je rencontres et qui me dit avoir notre cause à coeur mais qui ne peut rien faire.
Le Conseil du Trésor ne donnes pas suite aux demandes du ministre.
Présentement, nous avons 20 postes d’agents réguliers à combler. D’ici à la fin de l’année, il y en aura 48. Lors de l’étude des crédits de 2008-2009, le ministre Claude Béchard avait mentionné que tous les postes allaient être remplacés à la protection de la faune sauf que dans les faits, le budget n’est pas là. Sur papier, ils sont comblés sauf que concrètement, l’actuellement directeur de la protection, Guy Nadeau n’a pas les argents pour engager ces agents de remplacement. D’ici à 2013, 140 agents seront à la retraite. Pour les remplacer, il faut commencer dès maintenant sinon, nous n’aurons plus de candidats.»
Pour illustrer l’urgence de la situation, Legault donne des exemples qui prouvent que le service est malade.«Présentement, pour toute la Gaspésie au complet, il n’y a que 14 agents à raison de trois pas poste. Dans cette région, le chevreuil est une espèce fragile qui est souvent la cible des braconniers.
Cet hiver, ils ont pu s’amuser à leur guise puisque faute de budget, les agents ne pouvaient pas sortir sur le terrain en semaine. Les fins de semaines, ils ne travaillaient pas. Il suffisait aux braconniers de faire une petite virée dans le cour du poste pour constater que les barrières étaient fermées et que les camionnettes du service étaient stationnées à l’intérieur. Ils savaient alors que les agents ne travaillaient pas.» Legault nous a mentionné que l'opération Renard Croisé, qui a eu lieu dans le secteur de Pointe-à--La-Croix et qui avait permis d’arrêter un réseau qui opérait sur le gros gibier avec des camionnettes équipées de pics sur les pare-chocs pour briser les pattes des animaux, a connu son dénouement. Les braconniers impliqués viennent de plaider coupable la semaine dernière. Ils devront verser 176 000$ en amendes.
De l’aide au plus vite
En plus des besoins financiers, selon Legault, il faut que le gouvernement accepte de changer les critères d’embauche des futurs agents, une demande faite par son service depuis longtemps.
«Il faut bien comprendre que seul le Québec, dans toutes les provinces du Canada ,se contente d’un secondaire V comme qualification académique pour un agent de protection de la faune. Une fois que ces gens sont engagés, ils doivent passer plus de 25 semaines à l’école de Duchesnay pour apprendre les différentes techniques afin d’être efficaces sur le terrain. Le Ministère de l’éducation a en mains un cours académique qui permettrait de former directement des agents dans le cadre d’un programme scolaire, ce qui les rendrait plus aptes au travail dès leur engagement. Le Conseil du Trésor ne veut pas débloquer les fonds nécessaires. On se rends compte finalement, que le Conseil du Trésor ne veut pas répondre aux demandes du ministère des Ressources Naturelles et de la Faune tout simplement.»
Legault rappelle que de plus en plus, pour contrer les réseaux qui sont très bien organisés, il faut que les agents possèdent des techniques d’enquête très poussées.Comme les effectifs manquent, ils sont de moins en moins efficaces dans ce domaine. «Pour réussir une opération, il faut souvent vider deux ou trois bureaux parce qu’il n’y a souvent que trois ou quatre agents par poste.Pour une opération de chasse de nuit, il faut fermer carrément des opérations en cours sur le terrain ailleurs, si on veut avoir les effectifs nécessaires au succès de notre opération.»